Douze ans après l’instauration de la journée de solidarité, quelle est la réalité de l’emploi le lundi de Pentecôte ? Randstad a de nouveau pris le pouls de l’économie française et sondé une vingtaine de ses agences, réparties sur l’ensemble du territoire et représentant l’ensemble des secteurs économiques. Le résultat est sans appel : l’économie française tournera au ralenti lundi 16 mai alors que 70 % des salariés prévoiraient de ne pas travailler ce jour-là. Conclusion : le lundi de Pentecôte serait donc bel et bien redevenu ce qu’il était initialement, à savoir un jour férié classique, et donc non travaillé. A une différence près cependant : pour qu’il soit non travaillé, il faut poser un jour de RTT ou de congé, ce que font la grande majorité des salariés, dont les entreprises choisissent pour la plupart de faire coïncider la journée de solidarité avec le lundi de Pentecôte (alors même qu’elles sont libres de choisir la date qui leur convient depuis 2008).

 

Lundi de Pentecôte : état des lieux

L’activité économique, globalement, marque une pause

Lundi 16 mai, la France sera à l’arrêt. En congés ou en RTT. C’est le constat dressé au terme des prévisions renseignées par une vingtaine d’agences Randstad partout en France. Si certaines agences enregistreront un recul très fort de l’activité – les conduisant d’ailleurs à baisser le rideau le lundi de Pentecôte –, de l’ordre de 80 %, d’autres anticipent un recul de 50 % seulement. Toutefois, aucune des quelque vingt agences contactées ne prévoit de recul inférieur à 50 %. Randstad estime de ce fait à environ 70 % la baisse de l’activité en moyenne ce jour-là. Soit la même proportion que celle anticipée l’année dernière. L’explication est simple : la grande majorité des entreprises utilisatrices ont signifié aux agences Randstad que leurs propres salariés ne travailleront pas lundi prochain. Dans ce contexte, nul besoin de faire face à des pics d’activité ou d’assurer des remplacements.

 

Florilège des réponses recueillies :

  • A Saint-Etienne, seulement 30 % des salariés intérimaires constituant l’effectif « normal » de l’agence seront en poste lundi 16 mai. l’agence, en effet, anticipe une baisse « très conséquente » de l’activité, de l’ordre de 70 %. Par ailleurs, la très grande majorité des clients de l’agence (90 %) ont choisi le lundi de Pentecôte comme journée de solidarité.
  • L’agence Randstad de Bourg-en-Bresse note que « peu de sociétés travaillent le lundi de Pentecôte ». En conséquence, elle prévoit un recul de l’activité de deux-tiers par rapport à une journée classique. Les entreprises demandant à leurs salariés de poser une journée de RTT ou bien de congés le lundi de Pentecôte, le contrat des salariés intérimaires en poste la semaine prochaine ne démarrera du coup qu’à partir du mardi 17 mai.
  • Les agences de Carentan et Granville s’attendent à une chute de moitié « seulement » de l’activité à l’occasion du lundi de Pentecôte. L’activité est en effet généralement forte à cette période de l’année dans la Manche. Reste que 50 % des salariés intérimaires ne travailleront pas lundi prochain.
  • A Grenoble, la plupart des clients de l’agence seront « en congés ». L’activité sera de ce fait à l’arrêt, avec un recul estimé à 80 %. Par rapport au planning habituel, seuls 20 % des salariés intérimaires devraient être délégués.
  • Même constat à Nantes, où l’activité de l’agence est attendue en baisse de 80 %. Ne devraient travailler que 20 % des salariés intérimaires. Notons que l’agence relève que « le lundi de Pentecôte est plus en plus chômé », une tendance relevée dans la quasi-totalité des agences interviewées. « Au début, souligne l’agence, nous hésitions à fermer les agences car nous avions du passage, des demandes, des appels. Ce qui n’est absolument plus le cas ».

 

 

Grands groupes et PME pas logés à la même enseigne

Tandis que les salariés des grands groupes ne devraient vraisemblablement pas travailler le lundi de Pentecôte, la situation est plus contrastée sur le front des PME. Certaines prévoient en effet de travailler lundi prochain. Parmi les explications avancées : des raisons de trésorerie ou alors, tout simplement, le besoin de livrer certaines commandes dans les temps. A Marseille, l’agence Randstad remarque ainsi que les « accords nationaux [les grandes entreprises] ne travaillent pas à l’inverse des diffus [les PME] ».

 

Lundi de Pentecôte : travailler ou non ?

Journée de solidarité, jour férié et chômé… Pas facile de s’y retrouver lorsqu’on est employeur. Surtout dans les TPE et dans certaines PME qui ne disposent pas de service de ressources humaines. La situation est parfois jugée confuse.

Le témoignage d’une agence Randstad à Bordeaux résume bien la situation : « Sans faire de généralités, le discours parait légèrement plus clair dans les grands groupes, qui sont structurés au niveau des Ressources Humaines, qui ont le temps et les moyens de communiquer clairement sur le sujet auprès de leurs permanents et d’expliquer, si besoin, la finalité de la démarche [relative à la journée de solidarité]. Certaines PME gardent à l’esprit qu’on ne travaille pas le lundi de Pentecôte et font poser un jour de RTT ou de congés payés tout simplement ».

 

 

Lundi de Pentecôte : zoom sur les différents secteurs

Industrie

  • L’industrie est le secteur où l’activité est la plus impactée par le lundi de Pentecôte. La majorité des groupes industriels ferment boutique, malgré quelques exceptions, en particulier dans l’agroalimentaire.

 

 

BTP

  • L’activité dans ce secteur est faible lors du lundi de Pentecôte. Les entreprises de travaux publics et logistiques notamment sont généralement à l’arrêt, en raison d’une interdiction administrative visant le transport routier ce jour-là.
  • Cependant, certains chantiers sont toujours au pied d’œuvre. Certaines entreprises du secteur profitent ainsi de pouvoir « bénéficier » d’une journée supplémentaire de travail à la Pentecôte pour avancer leurs travaux et respecter de la sorte les délais de livraison des chantiers.
  • Alors que l’emploi intérimaire dans le BTP est reparti à la hausse fin 2015, après trois années consécutives de recul, cette embellie sur le front de la construction produit déjà quelques effets. Ainsi, à Orléans, l’agence observe que « certaines sociétés du BTP qui fermaient habituellement [pour le lundi de Pentecôte] resteront ouvertes grâce à un carnet de commandes bien rempli ».

 

Services

  • Il s’agit du secteur où la situation est la plus contrastée.
  • Dans certaines filières, l’activité ne fléchit pas. C’est le cas de la zone aéroportuaire de Roissy, où le lundi de Pentecôte n’entraîne aucune variation de l’activité. L’aéroport Charles-de-Gaulle fonctionnant sept jours sur sept, 24 heures sur 24, seuls les flux de passagers et de fret (transport de marchandises) sont à l’origine des variations de l’activité – et non les jours fériés.
  • A Strasbourg, l’agence Randstad note que « les entreprises qui ne ferment pas ou ont choisi un autre jour [pour la journée de solidarité] sont dans l’hôtellerie, les magasins de vente au particulier (enseignes de prêt-à-porter par exemple), les magasins de bricolage ou la grande distribution ».