Chaque année à cette période, le même exercice s’impose : lire dans une boule de cristal ou dans les astres. À quoi ressemblera 2015 ? Quelles perspectives pour cette nouvelle année ?
Les économistes sont divisés, les politiques au pouvoir se veulent optimistes, ceux de l’opposition circonspects sinon pessimistes, les journalistes observent et comptent les points. Observateurs privilégiés et acteurs engagés au cœur de l’économie, les cabinets de recrutement sont sondés. Croissance rime avec recrutement, atonie avec… absence de recrutement. Que se passe-t-il dans les entreprises françaises ? Où en sommes-nous ?
2012 : 179 700 RECRUTEMENTS, 2013 : 163 400 RECRUTEMENTS, 2014 : 163 200 RECRUTEMENTS, 2015 : ? PLUSIEURS SCÉNARIOS SE DESSINENT…
Les signaux encourageants : la baisse du prix du baril de brut, une politique monétaire avec un euro faible qui favorise les investissements et les exportations, le départ de baby-boomers à la retraire (près de 110 000 départs prévus pour 2015 et 2016)…
Ceux qui le sont moins : l’instabilité récente des marchés financiers, la crise politique en Grèce, les risques rampants de stagnation…
L’Apec, échaudée par des prévisions toujours démenties par la réalité, a construit trois scénarios : un premier optimiste, un deuxième qui l’est moins et un troisième intermédiaire. Hudson se veut… lucide. Les temps sont durs pour les entreprises qui investissent et recrutent moins, que ce soit en direct ou via des cabinets de recrutement. Ils sont tout aussi difficiles pour les cadres qui bougent moins ou contre leur gré. Ils le sont enfin pour les acteurs du recrutement, confrontés à un marché frileux et incertain. L’acronyme VUCA, issu du vocabulaire militaire, caractérise mieux que jamais notre temps : Vulnérabilité, Incertitude, Complexité, Ambiguïté. Nous naviguons en eaux agités…
« Parce que le destin est toujours entre nos mains et que le monde change, c’est à nous, candidats, entreprises, intermédiaires de savoir adapter nos offres ou nos demandes au présent. C’est aussi à nous d’anticiper le futur dont on voit, à travers divers signes, indices ou tendances, à quoi il ressemblera » intervient Marc Puyoulet, Directeur Général de Hudson France.
2015 S’ANNONCE COMME UNE REPRISE LENTE MAIS SÛRE
Il est toujours important de se détacher des effets de loupe conjoncturels. La frilosité actuelle fausse notre vue et écrase les perspectives. Prenons du recul : à quoi ressemblera le marché du travail dans les 10 prochaines années, fort des révolutions digitales, générationnelles ou économiques qui s’opèrent ? Il n’est plus seulement question d’anticiper le nombre de recrutements de cadres pour la prochaine année mais de dessiner les contours de l’entreprise de demain et d’envisager les bouleversements opérationnels, organisationnels et managériaux à venir et, partant, leur répercussion sur le marché du travail.
Dans ses récentes études, Hudson décrypte les mouvements générationnels au sein des organisations et dessine le profil et les compétences des managers de demain. La cohabitation entre les baby-boomers (1946 – 1964), la génération X (1965 – 1979) et la génération Y (1980 – 1994) impose aux managers de développer de nouvelles compétences pour impliquer et pousser chacun à améliorer sa performance : vision stratégique, capacité à convaincre, empathie, agilité sont aujourd’hui des compétences qui peuvent permettre aux cadres de se distinguer, dans un marché certes complexe mais toujours riche d’opportunités.
Les recruteurs doivent donc faire face à de nouveaux enjeux. Il n’est pas uniquement question de croissance ou de stagflation, on parle de performance, de compétitivité et d’innovation sur des marchés qui sont plus que jamais mondialisés, à cycles courts, bagarrés, pour des professionnels dont les carrières dépassent nos frontières qu’elles soient géographiques, temporelles ou culturelles.
Pour Hudson, la reprise sera lente mais sûre, 2015 sera une année de transition qui préparera 2016 (de plus franche reprise). Les récentes prévisions de l’OCDE, du FMI ou de la Commission Européenne varient entre 0.7 et 0.9% de hausse du PBI français pour 2015. Il faut donc rester prudent…
DES PERSPECTIVES CONTRASTÉES SELON LES SECTEURS D’ACTIVITÉ
Côté Industrie, dans l’Automobile, la production – après une année 2014 plutôt tonique – a ralenti en fin d’année et risque de rester atone en 2015.
Le BTP et la Construction continueront de souffrir du fait d’une pénurie de projets publics et d’un faible taux de construction de logements. De l’avis de nos experts, les mesures prises pour relancer le secteur ne devraient se faire sentir que fin 2015.
L’Agroalimentaire est toujours pris en tenaille entre la pression continue des consommateurs exigeant des prix bas et nos difficultés à l’export. Les prévisions d’investissement du secteur ne dépasseront sans doute pas 9%.
Pas de réelles surprises pour les secteurs porteurs qui restent les mêmes que les années précédentes : Aéronautique, Chimie, IT, R&D, Énergie, Logistique et Assurance…
Quant à la reprise sans cesse différée de la banque, elle devrait enfin intervenir en 2015 !
2015 RESTERAIT PROFITABLE AUX INGÉNIEURS ET COMMERCIAUX
Côté fonctions, les ingénieurs et les commerciaux devraient avoir, cette année encore, de belles opportunités à saisir pour ceux qui oseront sauter le pas. Les nouveaux métiers autour du e-commerce, du Big Data et du webmarketing absorbent des compétences entre technique, logistique et marketing.
« L’année 2015 ne sera pas encore un Grand Cru mais une année de transition et de reprise modérée, qui préparera à l’évidence des millésimes 2016 et 2017 plus exaltants ! » conclut Marc Puyoulet.