« Affaire Bygmalion », « affaire des sondages de l’Elysée», omniprésence des « couacs de communication »… A chaque fois que la communication est citée dans les médias, c’est pour insister sur les moyens mis en œuvre pour camoufler des erreurs ou, pis, des actes répréhensibles (flagrant délit de mensonge, surfacturation, etc.). La communication ne serait qu’habillage et travestissement de réalités plus ou moins sordides. Cette vision catastrophique résulte avant tout d’un climat de défiance croissant envers et entre les acteurs de la société (économiques, politiques, individus, journalistes). Il est temps de redonner à la communication son véritable rôle : créer du lien et contribuer à une meilleure compréhension mutuelle. Et c’est là tout l’objectif de Communication & Entreprise, et de son projet « Communication & Société ».
« L’Homme, à côté de ses Droits, a des besoins qui ne sont pas seulement d’ordre physique ou matériel mais aussi d’ordre intellectuel, moral et social. […] L’Homme ne peut réellement jouir de ses Droits que dans la mesure où ces besoins –dans ce qu’ils ont d’essentiel- sont satisfaits. […] Les praticiens des relations publiques peuvent, dans l’exercice de leur profession, suivant la façon dont ils l’exercent, contribuer largement à satisfaire ces besoins intellectuels, moraux et sociaux des Hommes ». Code d’Athènes, signé par les pays membres de l’ONU en 1965.
Comme le stipule le Code d’Athènes, la mission de la communication (du latin communicare, mettre en commun, partager) est bien de construire, ensemble, un projet de société. Ceci implique la mise en oeuvre de « principes de négociation et de médiation dont l’objectif est d’aider les organisations et leurs publics à s’adapter dans un esprit de compréhension mutuelle ».
Construire un projet de société ne peut se faire sans confiance, et ne peut advenir dans le climat de défiance qui entoure les entreprises et leur communication. Cela ne peut pas se faire non plus dans la logique de paupérisation actuelle du métier de communicant, qui voit sa fonction réduite à une simple réponse opérationnelle et technique.
Puisque la communication répond indéniablement à des besoins humains essentiels, nous devons donc y répondre collectivement, et repenser nos habitudes et nos manières de faire. Il devient indispensable de revenir aux fondamentaux de la communication : aider les professionnels et les entreprises à reconstruire un lien durable et serein avec leurs publics, et réaffirmer la mission de la communication envers les organisations. Mais au delà et surtout, il devient urgent de (re)définir clairement la communication auprès de la société toute entière. Dans l’intérêt de chacun, et pour l’intérêt de tous.
Dans ce contexte, l’association interprofessionnelle Communication & Entreprise travaille sur le projet « Communication & Société » depuis plus d’un an. Projet refondateur, piloté par son Comité Communication Responsable, il fédère l’ensemble des 1700 adhérents de l’association, tous professionnels d’agences, d’entreprises privées ou publiques, indépendants, ou même étudiants.
Le projet « Communication & Société » vise à définir le rôle de la communication dans la société et à identifier les besoins auxquels elle répond.
La première phase du projet a d‘ores et déjà permis d’identifier cinq grandes typologies de besoins auxquels la communication répond, ou doit répondre :
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Le besoin de mieux vivre ensemble (favoriser l’expression individuelle et collective, contribuer à la démocratie et à l’équilibre des pouvoirs, mobiliser pour améliorer les comportements en faveur de la société, favoriser la diversité et la tolérance)
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Le besoin de développement économique (contribuer à la création de valeur directe et indirecte, faire connaître les organisations et leur rôle dans la société, anticiper les évolutions et les attentes, créer des liens de coopération entre les acteurs de la société)
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Le besoin d’information et d’aide à la décision (donner des repères et du sens, clarifier, rendre compte des responsabilités et des engagements des organisations)
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Le besoin de transmission, d’enrichissement et de préservation des cultures (contribuer à préserver et à transmettre les cultures, à les enrichir et à accompagner leur évolution, à favoriser le rapport à la langue et aux langages)
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Le besoin d’optimisme et de vision d’avenir (partager une vision optimiste de l’avenir, faire vivre des expériences individuelles et collectives, donner envie de progresser ensemble)
Constats, enjeux et axes de progrès, les résultats complets de ce travail seront disponibles en janvier 2015. Ils feront l’objet de prises de positions de la part de l’association, et serviront de socle aux débats, échanges et aides concrètes apportées aux communicants pour réinventer leur métier et renouer, enfin, avec la confiance.
Si nous sommes conscients qu’il reste du chemin à parcourir avant de répondre véritablement et efficacement à l’ensemble de ces besoins, nous sommes convaincus que c’est en travaillant à l’amélioration de la communication, avec ceux et celles à qui elle est destinée, que nous contribuerons à une transition (ou transformation ?) fondamentale de la société. C’est pourquoi nous allons, dans le cadre de ce projet, à la rencontre de représentants de la société (entreprises, chercheurs, écoles, ONG, pouvoirs publics, experts, journalistes…) pour partager avec eux nos constats et échanger sur les axes de progrès à mettre en œuvre. Ce combat a un but : aider chacun à comprendre les autres, grâce à la synergie des compétences, pour inventer un nouveau contrat relationnel, et permettre l’émergence d’un monde plus efficace, car plus coopérant.
Jean-Luc Letouzé,
Président
Communication & Entreprise