Suite à la publication des chiffres du chômage de janvier, Arnaud Lacheret, spécialiste politique, analyse la problématique des chômeurs des plus de 50 ans très impactés par la hausse du chômage.

Pour Arnaud Lacheret : « Peut-être le gouvernement, plutôt que de brider les auto-entrepreneurs, devrait observer quelques exemples de ces seniors qui n’ont pas attendu des incitations pour accomplir de véritables missions de développement, d’audit, de formation au sein de PME ou d’entreprises de taille intermédiaire. Combien de seniors seraient prêts à se lancer si on leur en donnait les moyens et si  le statut d’entrepreneur individuel était plus avantageux passé un certain âge ? »

Arnaud Lacheret est Docteur en Science politique, Enseignant-chercheur à Idrac Business School, Chercheur associé à Pacte – CNRS

« La vraie inquiétude, le problème des plus de 50 ans.

On évitera bien entendu les lieux communs sur la transmission de l’expérience aux jeunes qui fut l’erreur majeure de François Hollande en début de mandat. Il pensait en effet que les entreprises avaient besoin d’incitations pour organiser la transmission des expériences. Outre la méconnaissance profonde du fonctionnement du monde économique, cela a contribué à infantiliser les chefs d’entreprises, comme s’il fallait leur expliquer que « oui les seniors sont importants… »

Ce problème pourrait se régler autrement. De plus en plus de « seniors » se lancent dans des missions temporaires de conseils et d’accompagnements parfois fortement rémunérées auprès d’entreprises qui ont un réel besoin de leurs savoir-faire mais ne souhaitent pas les embaucher. Le statut d’auto entrepreneur a d’ailleurs beaucoup aidé les techniciens et cadres de plus de 50 ans à devenir de véritables prestataires de services auprès de multiples entreprises. Cette démarche nécessite évidemment un certain courage, de vraies aptitudes commerciales et un esprit d’entreprenariat, mais force est de constater que ces situations se multiplient : les seniors partent frapper à la porte des entreprises en leur proposant non pas un contrat de travail administrativement très lourd mais un contrat de prestation de services. Peut-être le gouvernement, plutôt que de brider les auto-entrepreneurs, devrait observer quelques exemples de ces seniors qui n’ont pas attendu des incitations pour accomplir de véritables missions de développement, d’audit, de formation au sein de PME ou d’entreprises de taille intermédiaire. Combien de seniors seraient prêts à se lancer si on leur en donnait les moyens et si  le statut d’entrepreneur individuel était plus avantageux passé un certain âge ? Plutôt que de contraindre, on ferait peut-être mieux de libérer les énergies, nombreuses, qui émanent des seniors…»